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moins une année de travail, nous n’aurons encore aucun moyen de contrôle. Dans un cristal quaternaire, il y a encore 6 paramètres distincts. On peut soutenir que la majeure partie des théories sur les corps cristallisés échappent quantitativement à toute vérification et cela d’une manière absolument définitive. Car, je le repète, il s’agit seulement des phénomènes de première approximation: que serait-ce quand on voudra pénétrer plus avant?

Les microscopes s’améliorent asymptotiquement à leur limite, si j’ose dire. Nous sommes quasiment au bout de ces perfectionnements. Nos lunettes ont atteint des dimensions telles que toute augmentation implique une dépense et surtout une habileté qu’il n’y a guère de raison d’espérer communes. Et ainsi du reste! De sorte que notre curiosité s’est accrue beaucoup plus que les moyens de la satisfaire; le rapport entre notre pouvoir et notre espoir tend à décroître: ce qui n’est vraiment pas très encourageant.

Il n’y a pas à objecter qu’on découvre tous les jours de nouveaux procédés. On parle de vision ultra microscopique; mais cette dénomination donne le change. On parvient effectivement à déceler l’existence d’objets qui échappent aux microscopes; mais si on démontre leur existence, (ce qui du reste n’a rien de plus extraordinaire que de regarder les étoiles), on est incapable d’en reconnaître la forme. Espérons qu’on trouvera mieux.

Autre sujet de désespoir pour les physiciens: à mesure que les expériences doivent se perfectionner pour servir utilement de tests à nos théories, les erreurs accidentelles et systématiques croissent, non seulement en valeur relative, mais encore en valeur absolue. Nos grands pères, il y a cent ans, possédaient des cercles gradués au moins aussi bons que les nôtres; mais la précision qui leur suffisait, ne nous contente plus. Les courants d’air, les trépidations du sol, les variations magnétiques.... deviennent des ennemis formidables. On arrive à les vaincre; grâce à quels efforts, les physiciens vous le diront. Vous objecterez que ces trépidations, ces orages magnétiques,... existaient de tous temps et vous croirez votre remarque sans réplique; c’est une erreur grossière. Aujourd’hui les physiciens ne peuvent plus travailler utilement dans les villes populeuses. A 300 mètres d’un tramway électrique, les galvanomètres et magnétomètres sont affolés: le sol est en trépidation perpétuelle.