Pagina:Leopardi - Epistolario, Bollati Boringhieri, Torino 1998, II.djvu/548

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avoir au complet. Pour le fragment de l’Anabasis je ne sais trop com- ment faire le Nuovo Ricoglitore ne se trouvant décidément pas à Paris. J’attends avec une vive impatience la nouvelle édition de vos belles poésies. N’y avez pas re^u le Moschus? qui d’après Féderici doit avoir eu un grand succès en Italie. - Je suis honteux comme un écolier punì de mon ignorance au sujet de Sappiamo dans l’Epìtre. Imaginez clonc que le pére Burnouf m’avait déjà aitisi résolu le problème; mais je ne voulus pas le croire. Aussi ne m’étonne-je pas que vous m’ayez écrit en Francis ayant eu ce bel échantiilon de mon savoir en langue toscane. Cependant si une autre fois vous voulez m’écrire en italien je pense que je vous comprendrai et vous m’honorerez méme par là. Mais, sans compliments, vous écrivez fort bien en fran^ais, c’est le dire de mes amis de ce pays, incomparablement mieux que moi qui me ressentirai toute ma vie du bonheur ambigu d’ètre né sur les confins allemands. C’est vraiment une triste chose que de n’avoir pas de langue à soi. Quand j’écris pour l’impression c’est presque toujours en latin; je suis allemand de naissance et par mon éducation; malgré cela quand j’écris en Allemagne il m’échappe des Gallicismés si forts que je suis souvent forcé de recommencer mes lettres. Ces derniers temps surtout j’ai regretté de ne plus vivre à còte de vous, n’eut ce été que pour méler nos justes doléances sur l’état tóóv xoivcòv xaì xcòv 8r|noaitov. J’en suis désolé. Il semble que ce sont là les jours desquels il est dit qu’ils ne nous plaisent point. Avec cela ma position n’est pas gaie. En France il n’y a pour moi qu’un avenir fort douteux. Cet Estienne si pénible et qui absorbe tout mon temps, ne saurait me donner la réputation à laquelle j’aurais pu parvenir en me livrant à la publication d’auteurs qui auraienl été du ressort de ma spécialité. Ajoutez à cela l’humeur difficile et exclusive de Fix, I’in- spection scholastique de Didot. Vraiment si je ne méditais pas sou- vent le proverbe: «Pierre qui roule, n’amasse pas mousse», je laisse- rais là et l’Estienne et compagnie, et je me donnerais corps et àme à M. Mourawieff à Florence pour faire l’éducation de son fils. Et vivre avec vous et élaborer vos MSS. sous vos yeux, c’est certes aussi un entraìnement pour moi. Mais je dois me garder d’un nouveau coup de téle, je n’en ai que trop à me reprocher. Ainsi je me dis: perfer et obdura, quoiqu’il soit une grande question de savoir si labor hic, dolor, mihi proderit olim. Il faut là une sorte de fatalisme chrétien auquel je deviens quelquefois infidèle. Vous voyez que je m’en donne à cceur ouvert avec vous, et de fait je sais que vous m’entendez mème