Masaccio: Ricordo delle onoranze/Camillo Benoit

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Camillo Benoit

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Giorgio Lafenestre, A Masaccio Giorgio Berger

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Di CAMILLO BENOIT

conservatore del museo del louvre


Avant Giorgione, avant Raphaël, avant Corrège, Masaccio, victime moins épargnée du sort, a surgi comme une apparition presque surnaturelle. Météore plus imprévu et plus rapide, il a traversé ce firmament de l’art italien où déjà brillaient de si beaux astres. Devant le sillage éblouissant de sa trop brève trajectoire, nous demeurons à la fois ravis et confondus.

S’il est vrai que Masaccio eut pour maître l’auteur authentique des fresques de Castiglione d’Olona, le delicieux Masolino da Panicale, un jour vint, sans doute, où l’initiateur dut s’incliner devant l’initié comme le vieux Gurnemauz s’inclina devant le jeune Parsifal, après avoir verse sur son front l’eau qui régénère et purifie.

S’il est vrai que le fils de Ser Giovanni, n’ayant que vingt-six ans, mourut à Rome, près d’un siècle avant que le fils de Giovanni Santi y mourut aussi, ne peut-on penser que son lucide génie, dans la [p. 26 modifica] préscience des derniers instants, entrevit sur les murs pontificaux l’épanouissement, par la main du second, de cet art parfait et magnifique dont il avait rêvé d’opérer le miracle, après en avoir offert au monde étonné l’ébauche sublime, presque incomprise?

Aimons-le, admirons-le, illuminé par l’auréole commune à toutes les jeunes et grandes destinées brutalement tranchées. Aimons, admirons sa terre natale, et la divine suite de prodiges dont elle a donné au monde le spectacle et l’exemple longtemps renouvelés! Répétons, du fond d’un coeur plus ému, ces terze rime, hommage approprié, où s’épanche la fervente adoration d’un poète récent:

Toi qui d’un passé sombre illuminant les cimes,
Emportais l' âme humaine en ton divin essor,
O fille du soleil, mère d’enfants sublimes!
Les peuples abondaient autour de ta beauté,
Pleins d’amour, allumant leur pensée à tes flammes,
Emportant ton parfum qui leur était resté!
Comme ils ont écouté tes mille épithalames!
Comme ils ont salué ce long enfantement,
Cet essaim glorieux de magnifiques âmes!
Qui donc a su tenir, d’une puissance telle,
Trempé dans le soleil, ou plus proche des cieux,
Le pinceau rayonnant et la lyre immortelle?
Abeille, qui n’a bu ton miel délicieux?
Reine! qui n’a couvert tes pieds d’artiste et d’ange
Dans un transport sacré, de ses baisers pieux?