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Le gran poète de l’avenir 257

ment à la parole une musicalité supérieure. car ce mouvement passionné de l’âme que la parole ne peut fixer en entier et qui surabonde, se transforme en vibrations musicales.

Je suis persuadé, du reste, que la musique incorporée à la poésie, la sonorité du vers, va évoluer dans le même sens que la musique instrumentale et vocale, dans un sens wagnérien. J’entends par là que les mélodies faciles et régulières vont disparaître de la métrique et surtout que les poètes futurs sauront s’affranchir de toute convention, que la musicalité de leur poésie sera plus logique, c’est-à-dire qu’un rapport étroit y sera visible entre le mouvement du rhythme et le mouvement de la pensée. Ceci exige du génie et une extrême violence de sentiment. J’ose prédire que le grand poète futur se fera reconnaître par cette œuvre de transformation et de libération.

Il étudiera toutes les sciences, pas autant qu’il serait nécessaire pour le faire progresser, mais autant qu’il suffit pour en connaître les plans. On croit cette tâche impossible; c’est, à mon avis, un préjugè. Un homme de génie pourra faire au xxe siècle le prodige que deux hommes de génie ont fait au xixe, Pour accomplir cette tâche immense, il a fallu à Herbert Spencer et à Rosmini un puissance unique d’assimilation et une très rare


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