Pagina:Cristoforo Colombo- storia della sua vita e dei suoi viaggi - Volume II (1857).djvu/486

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vires à demi noyés par le bouleversement des vagues, s’éloigna rugissante, disloquée, et s’alla perdre dans la tumultueuse immensité des plaines atlantiques.

«Cette subite retraite du phénomène destructeur parut à l’Amiral une nouvelle faveur de Sa Haute Majesté = il crut en avoir été garanti par la faveur divine = (Herrera), p. 226.

Tristesses de Colomb.

«La grande âme du Messager de la Croix était submergée d’amertume.

«Des cinq royaumes, des grands vassaux, des Caciques si nombreux d’Hispaniola, rien ne restait. Elle avait disparu aussi cette Anacoana, la fleur d’or, la souveraine enchanteresse de Haiti, au renom séduisant, cette muse visible des plus poétiques régions, qui était à la fois l’Égèrie, la Clio, et la Thalie des Antilles. La torture, l’ignominie, la mort avaient triplement payé la générosité de sa confiance, et de son hospitalité royale. Avec elle s’effacèrent les ehants, les gracieuses danses, les jeux scéniques, et la douce rêverie. La désolation et la terreur regnaient seules sur les restes épars des tribus décimées. Aux massacres de Xaragua et de l’Higuey avait succedé le tranquille homicide quotidiennement commis par l’excès des travaux des mines (pag. 329.)

«Colomb priait pour Isabelle quand déja ella avait dù toucher le prix céleste de ses oeuvres royales.

«Enfin il connut son malheur.

«Qui dira le brisement de ce cœur résigné? Le pére qui perd sa fille unique n’éprouve pas dans ses entrailles un déchirement plus aigu. Pour peindre cette inénarrable affliction il faudrait pouvoir mesurer dans sa sublimité cette attraction de deux âmes que la Providence avait prédestinèes à élaborer la plus grande œuvre des races humaines. Par son immensité la douleur de Colomb touchait à l’infini; sa souffrance multiple était vaste comme l’esprit qui animait ce corps de reine, empreint d’une indelebile majesté. C’était le brisement d’une sympathie supérieure, enracinée dans la tendresse de l’âme, épanouie au soufle lyrìque de l’enthousiasme pour la nature, fecondée par les splendeurs de la foi, et vivifiée dans le Christ, qui en était