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note critiche 159


nique de la petite espèce et de la variété est-elle réellement absolue? On en doute quand on voit De Vries déclarer à propos des Oenothera les grandes difficultés qu’il y a à distinguer, après une mutation, auquel des deux types on a affaire. Il est dès lors permis de se demander si, entre le type entièrement modifié dans toutes ses parties, et le type qui n’apporte qu’une modification banale, il n’y a pas tous les intermédiaires. Lorsque la variété présente un caractère nouveau et n’est plus seulement régressive, n’est-ce pas un procédé commode mais dangereux que d’invoquer sans preuve expérimentale la réapparition d’un caractère latent, pour ne pas admettre une modification plus profonde qui, dans la conception de l’auteur, empruntée au weissmannisme, devrait, en atteignant le plasma germinatif, retentir sur la plante toute entière? Et lorsque ce sont deux ou trois caractères qui définissent la variété, n’est-ce pas aussi trop commode d’en faire des caractères corrélatifs, pour les ramener à l’unité, et éviter ainsi qu’on puisse y voir un intermédiaire entre le type le plus simple de la variété et le type plus complexe de la petite espèce?

Les faits semblent imposer plutôt la notion de la continuité, dans ce cas, que celle des compartiments étanches. De même, entre le type toujours instable et le type stable, petite espèce ou variété, n’y a-t-il aucun intermédiaire, et la stabilité ne peut elle être susceptible de degrés, à l’encontre de l’attitude très tranchée à cet égard de De Vries?

Lorsque, dans la variété stable s’effectuent des retours au type, De Vries invoque toujours le croisement, le vicinisme. Mais c’est un moyen d’explication, non un procédé de preuve. Il faut attendre à cet égard que des expériences sur des aminaux, et on en a entrepris de divers côtés, viennent apporter de nouveaux faits avec plus de précision dans les conditions de fécondation qu’on n’en peut apporter généralement avec les plantes. Seulement il est nécessaire de signaler que l’absolue stabilité des Oenothères nouvelles obtenues par mutation est suspectée par quelques auteurs, et que cette stabilité absolue paraît bien faire défaut à certains des types considérés comme stables, que Blaringhem a obtenus à partir du maïs.

N’y a-t-il non plus aucun rapport entre la fluctuation et la mutation? La variation brusque a été démontrée, et son importance pour la théorie évolutive est incontestable, mais toute variation donnant naissance à un nouveau type est-elle nécessairement brusque? Il est difficile à l’heure actuelle de trancher le problème de l’existence ou de la non existence d’intermédiaires entre la fluctuation et la mutation. Mais on doit se rendre compte, comme Giard le rappelait, qu’ en certains cas la variation est