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Pagina:Scientia - Vol. VII.djvu/80

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absolument pas être touchée sur le côté droit du corps: elle ne souffre pas précisément de ce côté, mais tout contact à droite détermine un frisson, une impression de dégoût et de révolte; elle assure qu’elle sent cela sans rien y comprendre. Irène prétend que l’eau du robinet dans laquelle elle se lave les mains est devenue tout à coup toute rouge «comme si c’était du sang». Si je l’interroge, elle ajoute que cette impression lui est venue tout à coup sans raison et qu’elle ne peut se l’expliquer1. Une autre femme voit apparaître des draps noirs et des cercueils, tandis qu’une autre voit apparaître simplement la figure d’un nommé Joseph, qui l’embrasse, et elle sent même les poils de ses moustaches frôler sa joue; et elles sont fort étonnées de ces hallucinations subites.

Dans d’autres cas, enfin, ces malades semblent avoir perdu la sensation: on peut les toucher ou les blesser sans qu’ils réagissent le moins du monde. Quelques-uns perdent même l’ouïe et la vue; quand on cherche à les interroger, ils prennent l’attitude de sourds ou d’aveugles. Ils ne se bornent pas comme les précédents à dire que la sensation est étrange, qu’elle ne leur appartient plus, que ce n’est plus eux qui sentent: ils semblent ne plus sentir en aucune façon. La perte que subit la personnalité, l’aliénation des phénomènes semble beaucoup plus complète que dans le cas précédent.

Mais, pourra-t-on dire, dans tous ces faits empruntés à la pathologie de l’hystérie les faits ne sont plus du tout comparables. Le psychasténique avait encore les souvenirs, les actes volontaires, les sensations. Il vous disait bien: «ce n’est pas moi qui me souviens, qui me meus, qui sens»; mais il nous prouvait par son attitude et par ses paroles qu’il était capable d’évoquer des souvenirs, de se mouvoir et de sentir. Chez l’hystérique, ces phénomènes psychologiques dont le sujet ne parle pas n’existent plus du tout: ils sont simplement supprimés; c’est une tout autre maladie. En aucune façon; et c’est justement ce point que j’ai essayé de démontrer autrefois en opposition avec l’opinion commune de cette époque. Avec un peu plus de précautions que chez le psychasténique, en employant des méthodes un peu différentes, en évitant plus soigneusement encore d’attirer l’attention du

  1. L’amnésie et la dissociation des souvenirs par l’émotion, Journal de psychologie normale et pathologique, 1904, p. 423.