L'avare fastueux/Atto IV
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ACTE QUATRIÈME.
SCÈNE PREMIÈRE.
Le Vicomte, La Fleur.
Le Vicomte. (A la Fleur) Pendant que mon père fait sa méridienne, je vais chez madame d’Arimont. Tu le1 lui diras quand il sera réveillé.
La Fleur. Oui, monsieur.
Le Vicomte. Sais-tu, si Chateaudor est rentré?
La Fleur. Oui, monsieur, je l’ai vu rentrer, et il a monté chez madame Dorimène.
Le Vicomte. (A part) Non, je ne le crains pas. Chateaudor n’est pas pour moi un rival redoutable. Je suis sûr du cœur de Léonor, et je ne désespère pas de gagner celui de madame2 Araminte. Il faut y interesser madame d’Arimont. (il sort)
SCÈNE II.
La Fleur. Eh, monsieur le Vicomte, je vois bien que vous n’êtes pas tranquille. Je sais à peu près tous les desseins, et tous les empêchemens. J’aurai bien de quoi entretenir mon ami Frontin. (il va s’asseoir à coté de l'appartement où est son maître)
SCÈNE III.
La Fleur, Chateaudor.
Chateaudor. (Ne voyant pas la Fleur) C’est affreux, c'est insupportable. Pourquoi ma sœur m’a-t-elle fait connoître ces femmes? Toujours de la froideur du coté de la fille, toujours du mépris du coté de la mère. Elles feroient le malheur de ma vie. Un homme comme moi! qui auroit pu se faire aimer, se faire respecter... (voyant la Fleur) Est-il là monsieur le Marquis3?
La Fleur. (En se levant) Oui, monsieur, il étoit un peu fatigué. Il repose.
Chateaudor. (A part) Que sa fille est charmante! Que d’honnêtetés, que de politesses n’ai-je pas reçu d’elle, ainsi que de sa tante? Quelle différence entre les procédés de ces dames, et les façons bourgeoises de madame Araminte et de sa fille. Si je pouvois me flatter de trouver le Marquis raisonnable.... mais le voilà réveillé.
SCÈNE IV.
Chateaudor, Le Marquis, La Fleur.
Le Marquis. (En se frottant les yeux) La Fleur.
La Fleur. Monsieur.
Le Marquis. Mon fils?
La Fleur. Il est sorti, monsieur.
Le Marquis. Pourquoi ne m’as-tu pas averti? où est-il allé?
La Fleur. Chez madame d’Arimont.
Le Marquis. Bon. J’irai le rejoindre. Mon carrosse.
La Fleur. (Avec vivacité) Vos chevaux, monsieur...
Le Marquis. Voilà qui est bien, mon carrosse.
La Fleur. J’irai chercher le cocher. (il sort)
SCÈNE V.
Chateaudor, Le Marquis.
Chateaudor. Vous allez sortir, monsieur le Marquis?
Le Marquis. (Sérieux) Je vais voir ma fille.
Chateaudor. J’ai eu cet honneur là tout à l’heure. Il y avoit longtems que je ne l’avois vue4; en verité, monsieur, j’en ai été enchanté: Mademoiselle de Courbois5 a parfaitement rempli tout ce qu’elle promettoit dans son enfance. Les grâces ont augmenté à proportion de son âge, et son esprit a fait des progrès admirables. Permettez-moi, monsieur, que je vous fasse mon compliment.
Le Marquis. (Toujours sérieux) Bien obligé, je vous remercie.
Chateaudor. Mais vous me paroissez fâché. Vous ne l’êtes pas contre moi, j’espère6
Le Marquis. (Se forçant de changer de ton) Je viens de me réveiller; je suis encore étourdi. (à part) Il ne faut pas qu’il s’aperçoive de rien.
Chateaudor. Si vous voulez me parler de vos affaires, je suis prêt à vous écouter. Vous pouvez disposer de moi.
Le Marquis. (D’un air embarrassé) Non, non. Vous avez des choses intéressantes à finir. Ne s’agit-il pas toujours de la signature de votre contrat?
Chateaudor. Monsieur je n’en sais rien. Le Marquis. Comment? vous n’en savez rien7? Ne m’avez-vous pas dit que cela devoit être pour ce soir?
Chateaudor. Si vous saviez, monsieur, combien je suis degouté de madame Araminte, et de sa fille!
Le Marquis. Ah ah8 cela me paroit.... singulier.
Chateaudor. Que n’ai-je point fait pour mériter leur estime et leur amitié? Une maison montée, comme vous avez vu, des chevaux les plus rares, des carrosses les plus élegans, cent mille francs en diamans, des sacrifices sans nombre.
Le Marquis. Cent mille francs de diamans?
Chateaudor. Oui, monsieur, tout le monde les a vus. Madame Araminte en a été elle même éblouie.
Le Marquis. C’est beau, c’est grand, c’est magnifique.
Chateaudor. Et malgré tout cela, je ne vois que de l’indifférence, je n’entends que des propos révoltans.
Le Marquis. (Avec étonnement) Mais.... mais.... vous me dites des choses, monsieur, aux quelles je ne m’attendois pas.
Chateaudor. Avouez9 monsieur le Marquis, que toutes ces attentions, que tous ces empressemens auroient été plus dignement, plus heureusement employés pour une personne de qualité.
Le Marquis. Sans doute, voilà qui est bien, vous avez raison.
Chateaudor. Croyez-vous qu’un homme de qualité, qu’un homme, comme vous par exemple, ne refusât pas de m’accorder l’honneur de son alliance?
Le Marquis. Comment! un homme comme vous! un homme riche10 un homme généreux, vous vous moquez, je crois.
Chateaudor. Oh! monsieur le Marquis, si d’après vos principes, si d’après la bonté, l’amitié que vous avez pour moi, si je pouvois mériter l’éstime de mademoiselle de Courbois, elle feroit mon bonheur; et je partagerois avec elle ma fortune.
Le Marquis. Mais... mademoiselle Léonor, mais.... madame Araminte?
Chateaudor. La mère doit s’attendre à mon dédit, et la fille ne me regrettera pas.
Le Marquis. (A part) C’est un coup.... c’est une aventure... c’est un rêve, je crois.
Chateaudor. Monsieur le Marquis, si vous étes disposé en ma faveur, ne perdons pas de tems.
Le Marquis. Ecoutez. Je ne suis pas tout seul.... mais laissez moi faire. J’irai chez madame d’Arimont. Je parlerai à mon fils, à ma fille, à ma cousine, (il appelle) La Fleur, mon carrosse.
Chateaudor. Je vous prêterai le mien.
Le Marquis. Non, non. Le mien doit être prêt. En tout cas j’irai à pied, C’est à quatre pas. J’irai à pied. Sans adieu. (à part en s’en allant) C'est pressant, c’est intéressant. Une fortune pour ma fille. Une autre apparemment pour mon fils. Voilà qui est bien. Sans adieu, sans adieu. (Il sort)
SCÈNE VI.
Chateaudor.
Courage. Le père est gagné. La fille me paroit disposée en ma faveur11. Et le Vicomte ne peut pas refuser un beaufrère qui pourroit faire quelque chose à son avantage. Mais il faut que je parle à ma soeur. Voilà justement Frontin. (il appelle) Frontin.
SCÈNE VII.
Chateaudor, Frontin.
Frontin. Me voilà, monsieur, je venois pour vous demander.....
Chateaudor. Ecoutes, monte chez ma sœur, dis-lui que j’ai quelque chose d’intéressant à lui communiquer, et que je la prie de descendre.
Frontin. Oui, monsieur, et en même tems...
Chateaudor. Ecoutes-moi. Tu lui diras tout bas, que je la prie de me rapporter l'écrin avec les diamans que je lui ai confiés.
Frontin. Si monsieur vouloit en même tems me donner les clefs de l’office...
Chateaudor. Pourquoi faire?
Frontin. Pour avoir du café12 et du sucre.
Chateaudor. On ne prend pas du café le soir.
Frontin. Et les liqueurs?
Chateaudor. Tu m’impatiente. Va-t-en bien vite.
Frontin. (Bas, et en s’en allant) Ni café, ni liqueurs, voilà le repas deshonoré, et le maître d’hotel aussi. (il sort)
SCÈNE VIII.
Chateaudor.
Si je puis obtenir la main de mademoiselle de Courbois, si les conditions que j’y mettrai me sont accordées, mon bonheur sera assuré d’un coté, et ma vengeance sera complète13 de l’autre.
SCÈNE IX.
Chateaudor, Dorimène.
Dorimène. Je viens de rencontrer Frontin en bas de l'escalier.
Chateaudor. Et les diamans.....
Dorimène. (Tirant l’écrin de sa poche) Les voici; je venois vous les remettre, car pour mademoiselle Léonor, il n’est pas possible de les lui faire accepter.
Chateaudor. (Prenant l'écrin) Tant mieux. Nous voilà d’accord. J’ai une confidence à vous faire.
Dorimène. Vous savez combien je m’intéresse à tout ce qui vous regarde.
Chateaudor. J’ai vu mademoiselle de Courbois, et j’ai de très-bonnes raisons pour croire, qu’il ne tient qu’à moi qu’elle ne devienne mon épouse.
Dorimène. Ah! ah! et monsieur son père?
Chateaudor. Oh pour le Marquis voilà qui est bien, il ne demanderoit14 pas mieux.
Dorimène. Mais vous savez dans quel dérangement se trouve cette famille. L’épouseriez vous sans fortune?15
Chateaudor. Non; vous me connoissez assez pour être tranquille de ce coté là. Mademoiselle de Courbois a une dot. Je ne sais pas encore en quoi elle consiste; mais ce n'est pas sur cela que je compte. La maison de Courbois est alliée à tout ce qu’il y a de plus grand en France. Madame d’Arimont a beaucoup de crédit à la cour, beaucoup d’intrigue, et beaucoup de puissance à Paris. Je n’ai besoin que d’être produit, que d’être protegé, que d’être poussé, et ma fortune est faite. Les cent mille écus que j’abandonne pour une fois, peuvent devenir pour moi cent mille écus de rente.
Dorimène. Je vous souhaite de tout mon cceur.... mais avez-vous fait vos conventions?
Chateaudor. Ne soyez pas inquiète. Laissez-moi faire. Je ne m’engagerai en rien sans y voir clair.
Dorimène. Et en attendant.....
Chateaudor. En attendant il ne faut rien dire à personne. Nous souperons ce soir tranquillement, décemment. Le notaire ne paroîtra point. Madame Araminte et sa fìlle n’en parleront peut-être pas. Si elles en parlent, la réponse est prête; on dira que le notaire a manqué. Le Marquis est chez madame d’Arimont, je l’attends, je saurai le résultat de la conférence sur mon article. Je vais dans mon cabinet. Je vais coucher sur le papier mes projets, mes demandes, mes conditions. Vous aurez de mes nouvelles tantòt. (il sort)
SCÈNE X.
Dorimène, Léonor à la porte.
Dorimène. Tant mieux si mon frère renonce à ses prétentions sur mademoiselle Léonor.... Comment! vous etes là?
Léonor. Etes-vous seule, madame?
Dorimène. Oui, oui, vous pouvez entrer librement.
Léonor. Je n’ai qu’un mot à vous dire, c’est la curiosité qui m’a emportée. Avez-vous rendu les diamans?
Dorimène. Oui.
Léonor. Qu’a-t-il dit?
Dorimène. Rien.
Léonor. Il n’a rien dit? il n’a pas été piqué du refus? (à part) C’est un homme sans cœur, je le déteste toujours d’avantage. (elle laisse tomber quelques larmes)
Dorimène. Ne pleurez pas, ma chère amie, vous n’êtes pas peut-être aussi malheureuse que vous le croyez. Il y a quelque lueur d’espérance.... Si je pouvois parler... j’aurois pour vous quelque sujet de consolation. Mais je ne puis rien dire encore.
Léonor. Ah ma chère cousine, ah ma bonne amie, dites-moi donc, dites-moi donc, je vous en prie.
Dorimène. Je ne le puis pas pour aujourd’hui. Demain peut-être.
Léonor. (En pleurant) Non, non. Ne me faites pas mourir.
SCÈNE XI.
Dorimène, Léonor, Le Vicomte.
Le Vicomte. (Avec heaucoup de gaîté) Je vous demande pardon, mesdames....
Dorimène. Comment, monsieur, vous nous surprenez là bien lestement.
Le Vicomte. Pardonnez-moi, pardonnez-moi de grâce. J’ai une nouvelle à vous donner, une nouvelle heureuse, inattendue, surprenante. Je suis dans les transports de la joie la plus vive.
Dorimène. Mais dites donc, parlez donc. Vous êtes fou, je crois.
Léonor. (Au Vicomte) Est-ce pour quelque chose qui nous regarde?
Le Vicomte. (Embrassant Léonor) Oui, ma chère amie.
SCÈNE XII.
Les personnages précédens16 madame Araminte.
Araminte. (Après avoir vu une partie de la scène précédente) 17 Ma fille!
Léonor. (En tremblant) Madame.
Araminte. Montez à votre chambre, la marchande de modes vous attend.
Léonor. (En pleurant) Ma mère, ma tendre mère....
Araminte. Allez, vous dis-je.
Dorimène. (A Araminte) Allons, madame, montons tous ensemble; vous verrez que vous n’aurez pas motif de gronder.
Araminte. (A Dorimène) Je vous demande pardon, madame, montez avec ma fille, si vous voulez, j’ai quatre mots a dire à monsieur.
Dorimène. (Bas à Léonor) Allons, allons, mademoiselle, je devine à peu près la nouvelle, et comme ce n’est plus un secret, vous saurez tout de moi. (elle sort avec Léonor)
SCÈNE XIII.
Araminte, Le Vicomte.
Araminte. Je suis étonnée, monsieur.....
Le Vicomte. (Avec vìvacité) Madame.....
Araminte. (Aussi avec vivacité) Je suis étonnée, je suis outrée, que d’après vos déclarations, et d’après ce que je vous ai dit et ce que vous m’avez promis sur le compte de ma fille, vous osiez encore la voir, la suivre, la persécuter, l’embrasser...
Le Vicomte. Mais, madame....
Araminte. Elle est sage, elle est honnête, elle est prête à se marier....
Le Vicomte. (Avec beaucoup de vivacité) Prête à se marier, madame?
Araminte. Oui, monsieur. Elle n’aime pas son prétendu, je le sais, moi, je ne l’estime pas d’avantage, c’est encore vrai, ce mariage peut se faire, et ne pas se faire, mais en attendant il faut respecter le décorum, la bienséance, il faut me respecter, monsieur.
Le Vicomte. (Doucement) Madame, je suis au désespoir de vous avoir déplu, mais vous ne savez pas ce qui se passe actuellement?
Araminte. Qu’est-ce que c’est donc? que voulez-vous dire?
Le Vicomte. Je voulois vous dire, madame.... que vous êtes trompée.
Araminte. Je suis trompée! qui est-ce qui me trompe?
Le Vicomte. Je suis fâché d’être le premier à vous en parler, mais tôt ou tard vous deviez le savoir. Monsieur de Chateaudor vient de demander ma soeur en mariage.... à mon père.
Araminte. (Après un moment de silence) Je ne le crois pas. Chateaudor ne m’en a pas parlé, il ne m’en a pas prévenue; je ne le crois pas.
Le Vicomte. (Sérìeux) Madame, je suis jeune, je suis amoureux, mais je suis gentilhomme, je suis homme d’honneur, et je ne sais pas mentir.
Araminte. Allons, allons, ne vous fâchez pas. Mais cela me paroissoit si extraordinaire que je ne pouvois pas le croire. Quel homme! quelle conduite! quelle indignité! Je n’en suis pas fâchée. Mais j’en suis extrémement piquée.
Le Vicomte. Ah, madame, voilà mademoiselle dégagée... Si je pouvois me flatter de la mériter...
Araminte. Rien ne vous manque, monsieur, pour vous faire agréer. Votre naissance, votre caractère, votre conduite, tout parle en votre faveur, et vous me faites honneur en jetant18 les yeux sur ma fille. Mais permettez que je vous le dise: le délabrement de votre maison...
Le Vicomte. Ah ce n’est que trop vrai, madame. Je me rénds justice a moi même. Mon père est le meilleur homme de la terre, mais il s’est laissé toujours conduire, et on l’a conduit très-mal.
Araminte. Mais, puisque vous connoissez cette verité, et vous devez la connoître19 mieux que personne, comment oseriez vous entraîner dans cet abîme20 de désordres et de dérangemens une fille qui a du bien, mais dont le bien coureroit le risque de se perdre dans un gouffre de dettes, et d’être dissipé par une mauvaise administration?
Le Vicomte. De grâce écoutez-moi, madame: j’ai servi comme vous savez, mais les moyens me manquent pour faire honneur a mon nom, et pour soutenir mon grade. J’ai imaginé qu’une dot honnête pourroit me mettre en état de continuer ma carrière. J’aurois pris une somme modique pour acquérir un emploi convenable, je vous aurois priée de garder le reste, et je me flattois que l’amour, le respect et la reconnoissance l’auroient merité votre attachement.
Araminte. Vos vues sont honnêtes, et je ne puis les condamner; je ne vous donnerai pas ma fille, mais votre situation me touche, et je suis prête à vous obliger.
Le Vicomte. Je suis pénetré de vos bontés, madame, mais.... vous me refusez votre fille.
Araminte. Ne vous en flattez pas, monsieur le Vicomte. Vous n’êtes pas dans le cas de vous marier; soyez libre, et laissez ma fille en liberté de suivre sa destinée. Si vous agréez les preuves de mon amitié, voici ce que je puis faire pour vous. Je vous offre la somme nécessaire pour acquérir un emploi militaire, un regiment même, si vous voulez. Je vous confierai l'argent sur votre billet, et sur votre parole d’honneur.
Le Vicomte. Et si je meurs, madame?
Araminte. Si vous mourez.... eh bien, je perdrai mon argent peut-être. Mais tout ne sera pas perdu. J’aurai obligé un honnête homme.
Le Vicomte. Quelle bonté! quelle générosité! je suis pénétré de respect, de reconnoissance21, mais pourrai-je jouir de vos bienfaits, madame, si vous me privez du bonheur de ma vie?
Araminte. Vous êtes jeune, ma fille aussi, n’en parlons pas d’avantage. D’ailleurs nous sommes ici chez monsieur Chateaudor, nous ne sommes pas libres, montons chez madame Dorimène, s’il vous plait.
Le Vicomte. Je le veux bien, madame, mais de grâce un istant, je vais dire un mot au domestique de mon père. (il s’approche de l'appartement)
Araminte. (A part) Je ne puis pas revenir du vilain procedé de ce Chateaudor; c’est indigne, c’est inconcevable; mais non, ce n’est que ridicule. L’homme fastueux s’est laissé éblouir par des titres pompeux, et il sera la dupe de sa vanité.
Le Vicomte. (Appelle) La Fleur.
SCÈNE XIV.
Les précédens22 La Fleur.
La Fleur. Monsieur.
Le Vicomte. Si mon père rentre, dis-lui que je vais monter chez madame Dorimène. (Il sort avec Araminte)
SCÈNE XV.
La Fleur.
Monsieur le Vicomte me paroit moins triste, il va monter avec madame Araminte. Ah si sa fille entroit chez nous, que nous ferions de sauts et de cabrioles!
SCÈNE XVI.
La Fleur, Le Marquis.
Le Marquis. Me voilà à pied; je suis sorti à pied, et je rentre de même; mon cocher qu’est-il devenu? mes chevaux où sont-ils?
La Fleur. Vos chevaux, votre cocher, tout cela est à l’auberge.
Le Marquis. A l’auberge!
La Fleur. Oui, monsieur, quand vous êtes arrivé ici, vous savez que le cocher de monsieur de Chateaudor n’y étoit pas, et que tout étoit ferme. J’ai cherché le cocher de la maison, je l’ai trouvé, je l’ai fait venir; il a refusé de recevoir vos chevaux dans les écuries de son maître, il a refusé de leur donner de la paille, et tout cela parceque son maître le lui avoit défendu, parceque son maître est un avare fieffé.
Le Marquis. Chateaudor un avare!
La Fleur. Monsieur, il n’y a pas un pareil dans tout Paris.
Le Marquis. Je ne puis le croire.
La Fleur. Je ne vous dirai pas ce que Frontin m’a conté de lui, car on pourroit soupçonner de la méchanceté dans son domestique, mais j’ai parlé à dix personnes tant dans la maison, que du voisinage, à des marchands, à des fournisseurs, ce n’est qu’une voix, tout le monde convient que monsieur de Chateaudor est le plus riche, et le plus vilain du quartier.
Le Marquis. Mais comment se peut-il? quelle contrariété! quelle inconséquence! il vient de donner cent mille francs de diamans....
La Fleur. A mademoiselle Léonor!
Le Marquis. Oui.
La Fleur. Ces diamans ne sont point achetés; il ne sont qu’empruntés; il ne les achetera pas. Frontin me l’avoit dit. Mais le bijoutier qui ne devoit venir qu’à la fin de la semaine, a été rappellé, il est revenu, et vient de les remporter.
Le Marquis. Tu me dis des choses terribles.
La Fleur. Je ne vous dis que la verité toute pure.
Le Marquis. Comment donc! un homme faux, un avare caché c’est à mes yeux, voilà qui est bien, l’homme du monde le plus méprisable. Ma fille il ne l’aura pas. Au souper? elle n’y viendra pas. Des festins, et point de paille? cent mille francs de diamans, et point de paille? (il sort du salon, et entre dans l’appartement avec la Fleur)
Fin du Quatrième Acte
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- ↑ Questo le fu aggiunto dall’autore.
- ↑ Manoscritto: Mad.
- ↑ Manoscritto: M. le marquis.
- ↑ Manoscritto: vüe.
- ↑ Nel quarto atto e nel quinto, in luogo di Court-boi, trovasi sempre nel manoscritto Courbois.
- ↑ Si leggeva prima: je l’espere.
- ↑ Nel manoscritto c’è qui il punto fermo.
- ↑ Cancellato dall’autore.
- ↑ Manoscritto: avoüez.
- ↑ Prima leggevasi: Point du tout, au contraire. Un gentilhomme, un homme riche etc.
- ↑ Prima si leggeva: La fille ne me parait pas difficile.
- ↑ Manoscritto: caffé.
- ↑ Manoscritto: complette.
- ↑ Prima leggevasi: il n’aimeroit.
- ↑ Prima leggevasi: sans rien?
- ↑ Manoscritto: précedans.
- ↑ Manoscritto: précédante.
- ↑ Manoscritto: jettant. Prima leggevasi: de jetter.
- ↑ Prima si leggeva: et vous la devez connoître etc,
- ↑ Manoscritto: abyme; e più sotto: employ.
- ↑ Queste ultime parole, (je suis etc.) furono cassate dall’autore.
- ↑ Manoscritto: précédans.